samedi 12 mai 2007

A comme ... Akosombo, le barrage

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Petit exemple de la gestion ghanéenne des affaires publiques ...

Au début des années soixante, sous l’ère NKrumah, a été décidé la construction du barrage d’Akosombo. C’est la grande époque du panafricanisme, le Ghana doit être autosuffisant, … Vaste projet donc, relevant aussi du souci, pertinent, de subvenir aux besoins essentiels des Ghanéens…

La construction du barrage est entamée en 1961, et se termine quatre ans plus tard. Elle aura, entre autres, nécessité le déplacement de 80 000 habitants, et profondément transformé l’équilibre écologique de la région. Sept ans seront ensuite nécessaires pour remplir le barrage, la production commencera donc au milieu des années soixante-dix. Production à l’aide de turbines, qui, lorsqu’elles sont déficientes, doivent être, paraît-il, envoyées par bateau au Royaume-Uni pour être réparées… Il semblerait d’ailleurs qu’à l’heure actuelle, une turbine soit justement, bloquée, en Angleterre, le Ghana manquant de moyens financiers pour organiser son voyage de retour …
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Akosombo, le Lac Volta, plus grand lac artificiel du monde, en terme de superficie (8 500 kilomètres carrés environ), Louis.

La gestion de la production d’électricité semble avoir été relativement stricte à l’origine. Mais, très vite, il a été envisagé d’exporter une part de l’énergie produite, au Togo, au Bénin, au Burkina Faso notamment. On peut aisément imaginer l’attrait qu’ont pu représenter les recettes liées aux exportations, au fur et à mesure des mois, des années ; attrait conjugué à la pression à la hausse de la demande interne, et à des conditions climatiques de plus en plus sèches, de moins en moins favorables…

Le Ghana traversa sa première crise électrique grave en 1998 : le pays fut alors soumis à de très nombreuses coupures d’électricité pendant plus de six mois, et la solution ne put être, en partie, rétablie, que grâce à une saison des pluies particulièrement généreuse cette année là.

La gestion ne s’en est pas réellement trouvée améliorée par la suite, la production d’électricité continuant d’être supérieure aux capacités du barrage. A ce problème de gestion à long terme des ressources du pays, s’ajoutent … une saison des pluies particulièrement sèche en 2006, et la célébration des cinquante ans de l’indépendance du Ghana, en mars 2007 – et la présence d’un grand nombre d’observateurs internationaux … à qui l’on veut donner, une image, lumineuse, du Ghana…

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Akosombo, le barrage, Nadège.

Et l’on arrive à la situation catastrophique à laquelle est confrontée le Ghana aujourd’hui. Le niveau du barrage est historiquement bas… Les coupures, d’une fréquence d’une nuit sur cinq en théorie, deviennent erratiques, de plus en plus rapprochées, et de plus en plus longues (parfois jusqu’à 36 heures consécutives…). Le barrage est vide, et aucune solution n’est proposée à court terme : sept ans ont été nécessaires pour remplir le barrage, sept ans sans production ; il faudrait alors des pluies absolument diluviennes, dans toute l’Afrique de l’Ouest pour sauver la situation…

Les conséquences ?

Accra, maintenant, c’est, les quartier riches : un énorme bruit de moteur ; personne, en effet, n’investit dans un générateur silencieux, puisque le jeu, consiste à placer son générateur, à la fois le plus loin possible de sa maison, le plus près possible de celle du voisin. Ou comment la somme des intérêts individuels n’est pas toujours égale à l’intérêt général.
Accra, c’est, les quartiers pauvres : des rues, comme d’habitude, semées de trous d’une profondeur variée, de caniveaux à ciel ouvert, jonchées de détritus en tout genre, et plongées dans l’obscurité la plus totale. Des rues sans lumière, des croisements sans feux tricolores, des piétons invisibles, sur les bords des routes – les trottoirs sont beaucoup trop aléatoires, pour ne pas dire inexistants…

Accra, le Ghana, c’est, un tissu industriel de plus en plus fragilisé : toutes les entreprises qui ne sont passez solides financièrement, pour assumer les coûts de fonctionnement d’un générateur, sont tributaires du réseau public. Ce sont donc les très petites entreprises, les artisanats locaux, généralement consommateurs de main d’œuvre, qui plient, voire cassent et licencient… Ou, comment rendre plus difficile encore le développement, l’enrichissement, du tissu industriel et entreprenarial ghanéen…

Une conséquence positive, et remarquable, néanmoins : cette crise violente a projeté, sur la scène politique notamment, la question énergétique au tout premier plan, à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement actuel propose la construction d’un nouveau barrage, dans la région de Kumasi ; notons que, réalisé dans les meilleurs délais, ce barrage commencerait à produire de l’électricité, dans les années 2 015… La situation de court terme, la plus évidente, consiste à importer des groupes électrogènes, et les implanter dans les principales villes – solution adoptée, à Tema par exemple. Solution, coûteuse, et à l’impact lourd, au niveau environnemental. Deux autres projets avancés par différents acteurs : diminuer les pertes lors du transport de l’électricité (ces pertes atteindraient peut-être, jusqu’à 50% de la production…) ; ou créer des centrales nucléaires. Cette deuxième proposition est naturellement absolument irréalisable actuellement, compte tenu des finances de l’Etat.

Surprenant, de remarquer que l’énergie solaire n’est pas du tout envisagée, comme solution d’appoint par exemple, solution individuelle, pour permettre aux très petites entreprises de travailler en continu, aux réfrigérateurs et congélateurs des particuliers, de « tenir » durant les light-off. Le prix serait-il encore trop élevé ? Pourtant, il semblerait que le principe du panneau solaire d’appoint, soit assez largement répandu, en Inde par exemple…

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