jeudi 31 mai 2007

K comme ... Kumasi

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Kumasi, deuxième ville du pays, capitale historique des Ashanti, un million d’habitants.
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Kumasi, ses vieilles maisons coloniales, une ville qui montre son histoire dans ses pierres, quand Accra les a détruites pour les remplacer par des immeubles, sans âge, sans charme, gris, tristes.
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Une ville piétonne, vivante, tellement plus humaine qu’Accra, métropole envahie par les voitures, les cris, les klaxons, défigurée par des avenues démesurées et des places sans vie, trous béants élevés à la gloire du Ghana…
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Surprise de ressentir si peu, ici, ce qui gêne tant à Accra, les bousculades, la violence des gestes quotidiens, jamais d’excuses, peu d’attention, une sorte de brutalité constante, qui fatigue, lasse parfois.
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Kumasi, ville plus pauvre, moins cosmopolite qu’Accra, peu de restaurants, pas de vie nocturne. Kumasi pourtant, la ville dans laquelle j’aurais souhaité vivre au Ghana.
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lundi 28 mai 2007

R comme … Rêve, la route d’Accra à Kumasi

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Fascination … pour les paysages du Sud du Ghana. Des étendues, immenses, végétation luxuriante, exubérante, folle. Palmiers, bananiers, cacaoyers, arbres de toute sorte, de toute forme… Paysages changeants, tantôt verts, tantôt bleus, tantôt gris…
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Quelques villages. Des cases, aux murs de terre et toits de tôle. En lisière de village, une, parfois deux bâtisses coloniales, un étage, quelques colonnes, une terrasse, rose, framboise. Des maisons perdues, abandonnées même, quelquefois, à la flore envahissante. Des maisons d’un autre temps, oubliées, délavées. Secrètes, mystérieuses, magiques.
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dimanche 20 mai 2007

jeudi 17 mai 2007

G comme ... Give me money !

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Des enfants, au coin d’une rue. Arrêt, sourire, un lien éphémère se tisse. « What’s your name ? » Ils se prêtent au jeu, répondent, répondent encore, pour eux, pour les autres, intervertissent leurs prénoms, en inventent aussi, rient de nous voir désemparés. Puis soudain, un impératif, trois mots : « Give me money ! ». Déception …
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mardi 15 mai 2007

P comme ... Politique


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L’importance de la politique au Ghana …
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Aburi, Louis


Néanmoins, même s’il semble que la conscience politique n’étouffe pas les Ghanéens, attention aux élections … La démocratie est encore récente, mise en place, en 1992, par Rawlings, qui remporte ensuite deux mandats consécutifs, en 1992 donc, et en 1996. Ne pouvant, constitutionnellement, se représenter une troisième fois, Rawlings doit quitter le pouvoir en 2000. Les élections, cette année-là, permettent l’arrivée au pouvoir de J. Kufuor, leader du parti de l’opposition.

Une fois encore, ce dernier aura gouverné deux mandats. En 2008, la démocratie va devoir, à nouveau, faire ses preuves, dans des moments de tensions éventuelles. Et l’on sait, au regard de la situation, dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, qu’il suffit parfois de peu d’étincelles, pour qu’un pays s’enflamme.
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dimanche 13 mai 2007

TV comme … Télévision ghanéenne, la télévision la plus nulle du monde (je présume)

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Des programmes inutiles, des séries stupides, une émission tellement mauvaise que les images sont généralement difficiles à deviner, des retards de plus de 40 minutes, des sautes de décibels impressionnantes…

Et bien sûr, une large place réservée aux élections de différentes miss du Ghana (au moins une par semaine !), aux jeux, véritables escroqueries où le prix de la communication, de l’appel, pour jouer, atteint presque, parfois, le montant des sommes que l’on peut potentiellement gagner, aux émissions qui retransmettent des miracles de Dieu, en direct – une fille arrive en fauteuil roulant, repart sur ses deux jambes … Le fait que l’on retrouve les même acteurs, dans des maladies et des situations différentes, à quelques semaines d’intervalle, ne rend pas nécessairement les Ghanéens sceptiques…
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samedi 12 mai 2007

A comme ... Akosombo, le barrage

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Petit exemple de la gestion ghanéenne des affaires publiques ...

Au début des années soixante, sous l’ère NKrumah, a été décidé la construction du barrage d’Akosombo. C’est la grande époque du panafricanisme, le Ghana doit être autosuffisant, … Vaste projet donc, relevant aussi du souci, pertinent, de subvenir aux besoins essentiels des Ghanéens…

La construction du barrage est entamée en 1961, et se termine quatre ans plus tard. Elle aura, entre autres, nécessité le déplacement de 80 000 habitants, et profondément transformé l’équilibre écologique de la région. Sept ans seront ensuite nécessaires pour remplir le barrage, la production commencera donc au milieu des années soixante-dix. Production à l’aide de turbines, qui, lorsqu’elles sont déficientes, doivent être, paraît-il, envoyées par bateau au Royaume-Uni pour être réparées… Il semblerait d’ailleurs qu’à l’heure actuelle, une turbine soit justement, bloquée, en Angleterre, le Ghana manquant de moyens financiers pour organiser son voyage de retour …
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Akosombo, le Lac Volta, plus grand lac artificiel du monde, en terme de superficie (8 500 kilomètres carrés environ), Louis.

La gestion de la production d’électricité semble avoir été relativement stricte à l’origine. Mais, très vite, il a été envisagé d’exporter une part de l’énergie produite, au Togo, au Bénin, au Burkina Faso notamment. On peut aisément imaginer l’attrait qu’ont pu représenter les recettes liées aux exportations, au fur et à mesure des mois, des années ; attrait conjugué à la pression à la hausse de la demande interne, et à des conditions climatiques de plus en plus sèches, de moins en moins favorables…

Le Ghana traversa sa première crise électrique grave en 1998 : le pays fut alors soumis à de très nombreuses coupures d’électricité pendant plus de six mois, et la solution ne put être, en partie, rétablie, que grâce à une saison des pluies particulièrement généreuse cette année là.

La gestion ne s’en est pas réellement trouvée améliorée par la suite, la production d’électricité continuant d’être supérieure aux capacités du barrage. A ce problème de gestion à long terme des ressources du pays, s’ajoutent … une saison des pluies particulièrement sèche en 2006, et la célébration des cinquante ans de l’indépendance du Ghana, en mars 2007 – et la présence d’un grand nombre d’observateurs internationaux … à qui l’on veut donner, une image, lumineuse, du Ghana…

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Akosombo, le barrage, Nadège.

Et l’on arrive à la situation catastrophique à laquelle est confrontée le Ghana aujourd’hui. Le niveau du barrage est historiquement bas… Les coupures, d’une fréquence d’une nuit sur cinq en théorie, deviennent erratiques, de plus en plus rapprochées, et de plus en plus longues (parfois jusqu’à 36 heures consécutives…). Le barrage est vide, et aucune solution n’est proposée à court terme : sept ans ont été nécessaires pour remplir le barrage, sept ans sans production ; il faudrait alors des pluies absolument diluviennes, dans toute l’Afrique de l’Ouest pour sauver la situation…

Les conséquences ?

Accra, maintenant, c’est, les quartier riches : un énorme bruit de moteur ; personne, en effet, n’investit dans un générateur silencieux, puisque le jeu, consiste à placer son générateur, à la fois le plus loin possible de sa maison, le plus près possible de celle du voisin. Ou comment la somme des intérêts individuels n’est pas toujours égale à l’intérêt général.
Accra, c’est, les quartiers pauvres : des rues, comme d’habitude, semées de trous d’une profondeur variée, de caniveaux à ciel ouvert, jonchées de détritus en tout genre, et plongées dans l’obscurité la plus totale. Des rues sans lumière, des croisements sans feux tricolores, des piétons invisibles, sur les bords des routes – les trottoirs sont beaucoup trop aléatoires, pour ne pas dire inexistants…

Accra, le Ghana, c’est, un tissu industriel de plus en plus fragilisé : toutes les entreprises qui ne sont passez solides financièrement, pour assumer les coûts de fonctionnement d’un générateur, sont tributaires du réseau public. Ce sont donc les très petites entreprises, les artisanats locaux, généralement consommateurs de main d’œuvre, qui plient, voire cassent et licencient… Ou, comment rendre plus difficile encore le développement, l’enrichissement, du tissu industriel et entreprenarial ghanéen…

Une conséquence positive, et remarquable, néanmoins : cette crise violente a projeté, sur la scène politique notamment, la question énergétique au tout premier plan, à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement actuel propose la construction d’un nouveau barrage, dans la région de Kumasi ; notons que, réalisé dans les meilleurs délais, ce barrage commencerait à produire de l’électricité, dans les années 2 015… La situation de court terme, la plus évidente, consiste à importer des groupes électrogènes, et les implanter dans les principales villes – solution adoptée, à Tema par exemple. Solution, coûteuse, et à l’impact lourd, au niveau environnemental. Deux autres projets avancés par différents acteurs : diminuer les pertes lors du transport de l’électricité (ces pertes atteindraient peut-être, jusqu’à 50% de la production…) ; ou créer des centrales nucléaires. Cette deuxième proposition est naturellement absolument irréalisable actuellement, compte tenu des finances de l’Etat.

Surprenant, de remarquer que l’énergie solaire n’est pas du tout envisagée, comme solution d’appoint par exemple, solution individuelle, pour permettre aux très petites entreprises de travailler en continu, aux réfrigérateurs et congélateurs des particuliers, de « tenir » durant les light-off. Le prix serait-il encore trop élevé ? Pourtant, il semblerait que le principe du panneau solaire d’appoint, soit assez largement répandu, en Inde par exemple…

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vendredi 11 mai 2007

B comme ... Beads

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Puisque je viens d’expliquer le Kente … L’autre principal artisanat ghanéen consiste en la fabrication de perles, colorées, ornées, réalisées à partir de bouteilles de verres de différentes couleurs, bouteilles pilées, éventuellement teintes à l’aide de pigments : il s’agit de répartir les différents verres, les différentes nuances, à l’intérieur de chaque moule, afin d’obtenir le motif souhaité, après la cuisson et le démoulage. Notons évidemment que l’artisan travaille à l’aveugle, puisque les moules ne sont pas transparents…

D’autres perles, moins belles, sont simplement peintes après la cuisson.
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Moules, perles prêtes pour la cuisson ; Nadège.

La fabrique la plus connue, Cedi Beads Factory, entre Kpong et Somanya, bénéficie d’un rayonnement international : les perles de cette usine sont exportées dans le monde entier, et de nombreux étudiants européens viennent se former ici à cette technique très particulière. Bonheur de visiter ce lieu, où la production reste entièrement artisanale, où les artisans, qui n’hésitent pas à consacrer parfois plus d’un quart d’heure à la réalisation d’une seule perle, nous expliquent avec force détails les secrets de la production, où l’accueil est resté, malgré le succès de cette institution, remarquable, simple.

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jeudi 10 mai 2007

K comme ... Kente

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Le Kente, tissu ghanéen, tissé, coloré, géométrique, symbolique, est probablement le plus connu des textiles africains, l’élément le plus visible, le plus vendable, de l’artisanat, de la culture ghanéenne – même s’il est difficile de parler d’une culture, ghanéenne, globale.

Ce tissu est principalement réalisé par deux ethnies, les Ashante, autour de Kumasi, et les Ewe, en Volta Region. Il est constitué de bandes étroites, tissées sur des navettes, puis cousues entre elles. Le travail de tissage, demande beaucoup de précision, de dextérité, de vélocité. Spectacle somptueux.
, Un artisan, jeune adolescent, en Volta Region. Nadège.
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Il existe un très grand nombre de motifs, chacun associé à un faisceau de concepts, d’idées, de souvenirs. Ces motifs sont souvent dérivés de proverbes, d’évènements historiques, de plantes - notons néanmoins qu’il y a souvent peu de corrélation, de correspondance, entre le nom, et le motif en lui-même. Pour n'en citer que deux :
- APREMO, symbole de résistance, contre la domination étrangère, de la supériorité des stratégies militaires, Ashanti, notamment – au XIXème siècle, les Ashante avaient infligé plusieurs défaites aux Anglais, alors que ces derniers étaient armés de canons.
- EMAA DA, la nouveauté, symbole de l’expérience, de la connaissance, de la créativité, de l’innovation.

Pour finir, on remarquera que le Kente est l’un des symboles du système hiérarchisé de l’ethnie Ashanti, au même titre que le tabouret par exemple : à l’origine, c’était un vêtement royal, sacré, porté uniquement lors d’occasions particulières.
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dimanche 6 mai 2007

A comme ... Amedzopfe, le plus bel endroit du Ghana...

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Un village sans prétention... Un village, posé, au sommet du mont Gemi, deuxième plus grande « montagne » du Ghana – hauteur : 850 mètres… Un petit village, semblable à tant d’autres …
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Amedzopfe, le village. Louis.
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Mais il suffit de se retourner, et d’observer la vue, qui descend jusqu’au Lac Volta. Une lumière somptueuse, des arbres magnifiques, une guesthouse écaillée, délavée, hors du temps…
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samedi 5 mai 2007

T comme … Téléphone, puissant vecteur de développement

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En écho au message précédent … l’engouement gigantesque que suscitent les téléphones depuis moins d’une décennie, a permis l’éclosion d’un business florissant, centré sur la vente d’unités : la plupart des Ghanéens n’ont pas de forfait, et achètent leurs unités au fur et à mesure de leurs besoins. Deux moyens de se procurer des unités : les cartes prépayées, système identique aux cartes que l’on peut se procurer en France, ou bien, les SMS créditeurs d’unités. Avec ce système, le vendeur d’unités envoie un SMS au demandeur, et dès réception du SMS, le compte du client est crédité du montant d’unités achetées. Ceci a l’avantage de réduire considérablement les coûts de production, puisque ceux liés à l’impression d’une carte sont nuls. Le montant minimum que l’on peut créditer est donc réduit à 7 000 Cedi, environ 60 centimes d’euros.

On trouve alors, dans toutes les strates sociales de la population au Ghana, des individus dans le business des télécom. Des très riches Ghanéens, liés aux principaux opérateurs, à ce que j’ai appelé précédemment les « étrangers-entrepreneurs », généralement grossistes, ou encore, simples revendeurs au détail, Ghanéens ou étrangers, et généralement à la tête d’une équipe de Ghanéens, parfois sous-payés, dont le travail consiste à redistribuer les unités, à collecter l’argent, …

Ce business est donc, il me semble, un formidable vecteur de développement, à la fois vertical – toutes les classes, couches de la population sont concernées par ce business – et horizontal : même s’il existe encore de nombreuses régions dans lesquelles le réseau est quasi nul, tous les villages que j’ai pu traverser avaient au moins un stand au bord de la route, un revendeur d’unités, d’un ou plusieurs opérateurs…
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vendredi 4 mai 2007

F comme ... Flamboyant

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Quand les Flamboyants fleurissent, les Blancs dépérissent …
Dicton congolais (ou sénégalais ?).
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Flamboyant, Louis

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jeudi 3 mai 2007

T&V comme … Téléphones et Voitures, symboles de richesse

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La plupart des Ghanéens exposent, concrétisent leurs richesses par le biais de deux objets : la voiture et le téléphone portable. Les Ghanéens fortunés possèdent donc souvent des 4X4 rutilants, aux volumes souvent impressionnants, aux consommations d’essence démesurées, et qui ne sortent jamais d’Accra… Pour tous les autres Ghanéens, reste le téléphone.

Il est très courant de voir des Ghanéens, qui gagnent moins de 100€ par mois, économiser pendant six mois pour acquérir le téléphone de leurs rêves, à 200€, voire 300€… Plus surprenant encore, certains fabricants de téléphone, qui avaient mis en place des stratégies de volume, proposant des téléphones, certes simples, mais très peu onéreux, ont dû se retirer, devant l’absence de réaction du marché face à leurs produits. A l’inverse, sont particulièrement prisés, les téléphones roses, aux sonneries polyphoniques, plats, dotés d’appareils photo surperformants…

L’investissement dans un téléphone … Tout un concept, qui montre l’importance du paraître, lorsque l’on sait à quel point il est facile, de casser, perdre, se faire voler un portable…
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mercredi 2 mai 2007

mardi 1 mai 2007

D comme … Développement, le rôle de l’Etat

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Pour retracer très rapidement l’histoire économique du Ghana depuis son indépendance en 1957, se sont succédées au pouvoir deux idéologies : le processus de développement selon le Docteur N’Krumah, premier président du Ghana, modèle lié tout à la fois aux théories communistes et panafricanistes, donc fondé sur un Etat fort, la mise en place de très grands projets – comme la construction du barrage par exemple, et le rêve d’arriver à une quasi autarcie. Dans les années quatre-vingts, Rawlings s’est efforcé de transformer le pays, en le dotant d’un cadre libéral et rigoureux, destiné entre autres à favoriser les échanges de biens et les implantations de capitaux étrangers. Cadre qui a très certainement permis au Ghana de se développer, dans une certaine mesure. Mais cadre probablement trop lâche à l’heure actuelle ; en particulier incapable de réduire les inégalités sociales, de protéger les plus pauvres ; et surtout, tellement défaillant, jusque dans ses fonctions les plus fondamentales … Pour ne donner qu’un exemple, l’Etat ne se montre plus capable de fournir ses villes et villages en électricité, et la situation empire, mois après mois… j’y reviendrai.
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Independence Square, Accra, symbole de l’ère N’Krumah. Benoît.

Surprise de voir, à quel point, au Ghana, c’est la demande d’institutions, qui stimule le développement de l’appareil étatique : il est vrai que des institutions sans poussée, interne, de développement, seront probablement inutiles ; à l’inverse, lorsque, les échanges s’intensifient, les projets d’entreprises se multiplient, alors même que l’Etat se montre de plus en plus inefficace, corrompu, défaillant, la fièvre de développement, non seulement, persiste, mais, en outre, fait montre d’incidences positives sur la légitimité, la force, le périmètre d’action, des institutions, monétaires par exemple...

Enfin, l’Etat ghanéen est souvent érigé en modèle dans la région… ce qui ne laisse pas d’inquiéter, quant à la capacité des Etats des autres pays d’Afrique de l’Ouest, à imposer leurs cadres institutionnels…
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