jeudi 28 juin 2007

Dernier message

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Finalement, j’aurai parlé, écrit, sur deux sujets principalement, deux sujets qui me tiennent à cœur, qui m’interpellent, m’interrogent, me touchent, le plus : les signes de la poussée de développement, économique, d’une part, et surtout, les Hommes, leur manière, de penser, d’agir, de réagir, d’être, ou, du moins, ce que je peux en percevoir, dans ce petit pays qu’est le Ghana.
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Je pourrais encore, raconter, le rôle controversé des ONG dans le développement, le cacao, l’or, les infrastructures, les écarts régionaux, énormes, en terme de richesse, les enjeux économiques liés aux prochaines élections.
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Je pourrais dire, aussi, le rôle aberrant et dangereux de la religion a Ghana, le respect, quasi nul, de la vie animale, le nationalisme, mesuré, cause ou conséquence de la perpétuelle indifférence ghanéenne, l’organisation des mariages, les ethnies, le communisme, le sourire des enfants, encore et toujours.
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Surtout, je parlerais de moi. De la manière dont j’ai vécu, ces presque six mois, au Ghana. De la façon dont j’ai changé. Adopter, tenter d’adopter, une sorte de posture, d’attitude, calme, attentive, loin de la résignation, loin aussi, je l’espère, de l’indifférence. De la déception parfois, aussi. A trop vouloir, à trop chercher. L’envie ambivalente, enfin, de partir, de rester, de revenir surtout, d'explorer toujours.
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Je m’arrête donc là, puisque je pars.
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mardi 26 juin 2007

dimanche 3 juin 2007

A comme ... Arbres

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Le Ghana est vert. Le Ghana, le Sud surtout, la région du lac Volta, l’Ouest. Des îlots de verdure au Nord, Mole par exemple.
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Une immensité verte, tachée de gris, les villes, où chaque arbre est détruit, pour laisser plus de place au béton. Les métropoles ghanéennes, villes grises … Ceci est d’autant plus surprenant que, dans de nombreux villages, l’arbre a, encore, une fonction « sociale », centrale, il est le lieu de réunions, de rassemblements, de disputes, de débats, de rencontres.
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jeudi 31 mai 2007

K comme ... Kumasi

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Kumasi, deuxième ville du pays, capitale historique des Ashanti, un million d’habitants.
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Kumasi, ses vieilles maisons coloniales, une ville qui montre son histoire dans ses pierres, quand Accra les a détruites pour les remplacer par des immeubles, sans âge, sans charme, gris, tristes.
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Une ville piétonne, vivante, tellement plus humaine qu’Accra, métropole envahie par les voitures, les cris, les klaxons, défigurée par des avenues démesurées et des places sans vie, trous béants élevés à la gloire du Ghana…
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Surprise de ressentir si peu, ici, ce qui gêne tant à Accra, les bousculades, la violence des gestes quotidiens, jamais d’excuses, peu d’attention, une sorte de brutalité constante, qui fatigue, lasse parfois.
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Kumasi, ville plus pauvre, moins cosmopolite qu’Accra, peu de restaurants, pas de vie nocturne. Kumasi pourtant, la ville dans laquelle j’aurais souhaité vivre au Ghana.
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lundi 28 mai 2007

R comme … Rêve, la route d’Accra à Kumasi

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Fascination … pour les paysages du Sud du Ghana. Des étendues, immenses, végétation luxuriante, exubérante, folle. Palmiers, bananiers, cacaoyers, arbres de toute sorte, de toute forme… Paysages changeants, tantôt verts, tantôt bleus, tantôt gris…
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Quelques villages. Des cases, aux murs de terre et toits de tôle. En lisière de village, une, parfois deux bâtisses coloniales, un étage, quelques colonnes, une terrasse, rose, framboise. Des maisons perdues, abandonnées même, quelquefois, à la flore envahissante. Des maisons d’un autre temps, oubliées, délavées. Secrètes, mystérieuses, magiques.
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dimanche 20 mai 2007

jeudi 17 mai 2007

G comme ... Give me money !

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Des enfants, au coin d’une rue. Arrêt, sourire, un lien éphémère se tisse. « What’s your name ? » Ils se prêtent au jeu, répondent, répondent encore, pour eux, pour les autres, intervertissent leurs prénoms, en inventent aussi, rient de nous voir désemparés. Puis soudain, un impératif, trois mots : « Give me money ! ». Déception …
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mardi 15 mai 2007

P comme ... Politique


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L’importance de la politique au Ghana …
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Aburi, Louis


Néanmoins, même s’il semble que la conscience politique n’étouffe pas les Ghanéens, attention aux élections … La démocratie est encore récente, mise en place, en 1992, par Rawlings, qui remporte ensuite deux mandats consécutifs, en 1992 donc, et en 1996. Ne pouvant, constitutionnellement, se représenter une troisième fois, Rawlings doit quitter le pouvoir en 2000. Les élections, cette année-là, permettent l’arrivée au pouvoir de J. Kufuor, leader du parti de l’opposition.

Une fois encore, ce dernier aura gouverné deux mandats. En 2008, la démocratie va devoir, à nouveau, faire ses preuves, dans des moments de tensions éventuelles. Et l’on sait, au regard de la situation, dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, qu’il suffit parfois de peu d’étincelles, pour qu’un pays s’enflamme.
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dimanche 13 mai 2007

TV comme … Télévision ghanéenne, la télévision la plus nulle du monde (je présume)

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Des programmes inutiles, des séries stupides, une émission tellement mauvaise que les images sont généralement difficiles à deviner, des retards de plus de 40 minutes, des sautes de décibels impressionnantes…

Et bien sûr, une large place réservée aux élections de différentes miss du Ghana (au moins une par semaine !), aux jeux, véritables escroqueries où le prix de la communication, de l’appel, pour jouer, atteint presque, parfois, le montant des sommes que l’on peut potentiellement gagner, aux émissions qui retransmettent des miracles de Dieu, en direct – une fille arrive en fauteuil roulant, repart sur ses deux jambes … Le fait que l’on retrouve les même acteurs, dans des maladies et des situations différentes, à quelques semaines d’intervalle, ne rend pas nécessairement les Ghanéens sceptiques…
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samedi 12 mai 2007

A comme ... Akosombo, le barrage

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Petit exemple de la gestion ghanéenne des affaires publiques ...

Au début des années soixante, sous l’ère NKrumah, a été décidé la construction du barrage d’Akosombo. C’est la grande époque du panafricanisme, le Ghana doit être autosuffisant, … Vaste projet donc, relevant aussi du souci, pertinent, de subvenir aux besoins essentiels des Ghanéens…

La construction du barrage est entamée en 1961, et se termine quatre ans plus tard. Elle aura, entre autres, nécessité le déplacement de 80 000 habitants, et profondément transformé l’équilibre écologique de la région. Sept ans seront ensuite nécessaires pour remplir le barrage, la production commencera donc au milieu des années soixante-dix. Production à l’aide de turbines, qui, lorsqu’elles sont déficientes, doivent être, paraît-il, envoyées par bateau au Royaume-Uni pour être réparées… Il semblerait d’ailleurs qu’à l’heure actuelle, une turbine soit justement, bloquée, en Angleterre, le Ghana manquant de moyens financiers pour organiser son voyage de retour …
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Akosombo, le Lac Volta, plus grand lac artificiel du monde, en terme de superficie (8 500 kilomètres carrés environ), Louis.

La gestion de la production d’électricité semble avoir été relativement stricte à l’origine. Mais, très vite, il a été envisagé d’exporter une part de l’énergie produite, au Togo, au Bénin, au Burkina Faso notamment. On peut aisément imaginer l’attrait qu’ont pu représenter les recettes liées aux exportations, au fur et à mesure des mois, des années ; attrait conjugué à la pression à la hausse de la demande interne, et à des conditions climatiques de plus en plus sèches, de moins en moins favorables…

Le Ghana traversa sa première crise électrique grave en 1998 : le pays fut alors soumis à de très nombreuses coupures d’électricité pendant plus de six mois, et la solution ne put être, en partie, rétablie, que grâce à une saison des pluies particulièrement généreuse cette année là.

La gestion ne s’en est pas réellement trouvée améliorée par la suite, la production d’électricité continuant d’être supérieure aux capacités du barrage. A ce problème de gestion à long terme des ressources du pays, s’ajoutent … une saison des pluies particulièrement sèche en 2006, et la célébration des cinquante ans de l’indépendance du Ghana, en mars 2007 – et la présence d’un grand nombre d’observateurs internationaux … à qui l’on veut donner, une image, lumineuse, du Ghana…

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Akosombo, le barrage, Nadège.

Et l’on arrive à la situation catastrophique à laquelle est confrontée le Ghana aujourd’hui. Le niveau du barrage est historiquement bas… Les coupures, d’une fréquence d’une nuit sur cinq en théorie, deviennent erratiques, de plus en plus rapprochées, et de plus en plus longues (parfois jusqu’à 36 heures consécutives…). Le barrage est vide, et aucune solution n’est proposée à court terme : sept ans ont été nécessaires pour remplir le barrage, sept ans sans production ; il faudrait alors des pluies absolument diluviennes, dans toute l’Afrique de l’Ouest pour sauver la situation…

Les conséquences ?

Accra, maintenant, c’est, les quartier riches : un énorme bruit de moteur ; personne, en effet, n’investit dans un générateur silencieux, puisque le jeu, consiste à placer son générateur, à la fois le plus loin possible de sa maison, le plus près possible de celle du voisin. Ou comment la somme des intérêts individuels n’est pas toujours égale à l’intérêt général.
Accra, c’est, les quartiers pauvres : des rues, comme d’habitude, semées de trous d’une profondeur variée, de caniveaux à ciel ouvert, jonchées de détritus en tout genre, et plongées dans l’obscurité la plus totale. Des rues sans lumière, des croisements sans feux tricolores, des piétons invisibles, sur les bords des routes – les trottoirs sont beaucoup trop aléatoires, pour ne pas dire inexistants…

Accra, le Ghana, c’est, un tissu industriel de plus en plus fragilisé : toutes les entreprises qui ne sont passez solides financièrement, pour assumer les coûts de fonctionnement d’un générateur, sont tributaires du réseau public. Ce sont donc les très petites entreprises, les artisanats locaux, généralement consommateurs de main d’œuvre, qui plient, voire cassent et licencient… Ou, comment rendre plus difficile encore le développement, l’enrichissement, du tissu industriel et entreprenarial ghanéen…

Une conséquence positive, et remarquable, néanmoins : cette crise violente a projeté, sur la scène politique notamment, la question énergétique au tout premier plan, à la veille des élections présidentielles. Le gouvernement actuel propose la construction d’un nouveau barrage, dans la région de Kumasi ; notons que, réalisé dans les meilleurs délais, ce barrage commencerait à produire de l’électricité, dans les années 2 015… La situation de court terme, la plus évidente, consiste à importer des groupes électrogènes, et les implanter dans les principales villes – solution adoptée, à Tema par exemple. Solution, coûteuse, et à l’impact lourd, au niveau environnemental. Deux autres projets avancés par différents acteurs : diminuer les pertes lors du transport de l’électricité (ces pertes atteindraient peut-être, jusqu’à 50% de la production…) ; ou créer des centrales nucléaires. Cette deuxième proposition est naturellement absolument irréalisable actuellement, compte tenu des finances de l’Etat.

Surprenant, de remarquer que l’énergie solaire n’est pas du tout envisagée, comme solution d’appoint par exemple, solution individuelle, pour permettre aux très petites entreprises de travailler en continu, aux réfrigérateurs et congélateurs des particuliers, de « tenir » durant les light-off. Le prix serait-il encore trop élevé ? Pourtant, il semblerait que le principe du panneau solaire d’appoint, soit assez largement répandu, en Inde par exemple…

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vendredi 11 mai 2007

B comme ... Beads

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Puisque je viens d’expliquer le Kente … L’autre principal artisanat ghanéen consiste en la fabrication de perles, colorées, ornées, réalisées à partir de bouteilles de verres de différentes couleurs, bouteilles pilées, éventuellement teintes à l’aide de pigments : il s’agit de répartir les différents verres, les différentes nuances, à l’intérieur de chaque moule, afin d’obtenir le motif souhaité, après la cuisson et le démoulage. Notons évidemment que l’artisan travaille à l’aveugle, puisque les moules ne sont pas transparents…

D’autres perles, moins belles, sont simplement peintes après la cuisson.
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Moules, perles prêtes pour la cuisson ; Nadège.

La fabrique la plus connue, Cedi Beads Factory, entre Kpong et Somanya, bénéficie d’un rayonnement international : les perles de cette usine sont exportées dans le monde entier, et de nombreux étudiants européens viennent se former ici à cette technique très particulière. Bonheur de visiter ce lieu, où la production reste entièrement artisanale, où les artisans, qui n’hésitent pas à consacrer parfois plus d’un quart d’heure à la réalisation d’une seule perle, nous expliquent avec force détails les secrets de la production, où l’accueil est resté, malgré le succès de cette institution, remarquable, simple.

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jeudi 10 mai 2007

K comme ... Kente

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Le Kente, tissu ghanéen, tissé, coloré, géométrique, symbolique, est probablement le plus connu des textiles africains, l’élément le plus visible, le plus vendable, de l’artisanat, de la culture ghanéenne – même s’il est difficile de parler d’une culture, ghanéenne, globale.

Ce tissu est principalement réalisé par deux ethnies, les Ashante, autour de Kumasi, et les Ewe, en Volta Region. Il est constitué de bandes étroites, tissées sur des navettes, puis cousues entre elles. Le travail de tissage, demande beaucoup de précision, de dextérité, de vélocité. Spectacle somptueux.
, Un artisan, jeune adolescent, en Volta Region. Nadège.
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Il existe un très grand nombre de motifs, chacun associé à un faisceau de concepts, d’idées, de souvenirs. Ces motifs sont souvent dérivés de proverbes, d’évènements historiques, de plantes - notons néanmoins qu’il y a souvent peu de corrélation, de correspondance, entre le nom, et le motif en lui-même. Pour n'en citer que deux :
- APREMO, symbole de résistance, contre la domination étrangère, de la supériorité des stratégies militaires, Ashanti, notamment – au XIXème siècle, les Ashante avaient infligé plusieurs défaites aux Anglais, alors que ces derniers étaient armés de canons.
- EMAA DA, la nouveauté, symbole de l’expérience, de la connaissance, de la créativité, de l’innovation.

Pour finir, on remarquera que le Kente est l’un des symboles du système hiérarchisé de l’ethnie Ashanti, au même titre que le tabouret par exemple : à l’origine, c’était un vêtement royal, sacré, porté uniquement lors d’occasions particulières.
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dimanche 6 mai 2007

A comme ... Amedzopfe, le plus bel endroit du Ghana...

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Un village sans prétention... Un village, posé, au sommet du mont Gemi, deuxième plus grande « montagne » du Ghana – hauteur : 850 mètres… Un petit village, semblable à tant d’autres …
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Amedzopfe, le village. Louis.
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Mais il suffit de se retourner, et d’observer la vue, qui descend jusqu’au Lac Volta. Une lumière somptueuse, des arbres magnifiques, une guesthouse écaillée, délavée, hors du temps…
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samedi 5 mai 2007

T comme … Téléphone, puissant vecteur de développement

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En écho au message précédent … l’engouement gigantesque que suscitent les téléphones depuis moins d’une décennie, a permis l’éclosion d’un business florissant, centré sur la vente d’unités : la plupart des Ghanéens n’ont pas de forfait, et achètent leurs unités au fur et à mesure de leurs besoins. Deux moyens de se procurer des unités : les cartes prépayées, système identique aux cartes que l’on peut se procurer en France, ou bien, les SMS créditeurs d’unités. Avec ce système, le vendeur d’unités envoie un SMS au demandeur, et dès réception du SMS, le compte du client est crédité du montant d’unités achetées. Ceci a l’avantage de réduire considérablement les coûts de production, puisque ceux liés à l’impression d’une carte sont nuls. Le montant minimum que l’on peut créditer est donc réduit à 7 000 Cedi, environ 60 centimes d’euros.

On trouve alors, dans toutes les strates sociales de la population au Ghana, des individus dans le business des télécom. Des très riches Ghanéens, liés aux principaux opérateurs, à ce que j’ai appelé précédemment les « étrangers-entrepreneurs », généralement grossistes, ou encore, simples revendeurs au détail, Ghanéens ou étrangers, et généralement à la tête d’une équipe de Ghanéens, parfois sous-payés, dont le travail consiste à redistribuer les unités, à collecter l’argent, …

Ce business est donc, il me semble, un formidable vecteur de développement, à la fois vertical – toutes les classes, couches de la population sont concernées par ce business – et horizontal : même s’il existe encore de nombreuses régions dans lesquelles le réseau est quasi nul, tous les villages que j’ai pu traverser avaient au moins un stand au bord de la route, un revendeur d’unités, d’un ou plusieurs opérateurs…
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vendredi 4 mai 2007

F comme ... Flamboyant

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Quand les Flamboyants fleurissent, les Blancs dépérissent …
Dicton congolais (ou sénégalais ?).
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Flamboyant, Louis

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jeudi 3 mai 2007

T&V comme … Téléphones et Voitures, symboles de richesse

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La plupart des Ghanéens exposent, concrétisent leurs richesses par le biais de deux objets : la voiture et le téléphone portable. Les Ghanéens fortunés possèdent donc souvent des 4X4 rutilants, aux volumes souvent impressionnants, aux consommations d’essence démesurées, et qui ne sortent jamais d’Accra… Pour tous les autres Ghanéens, reste le téléphone.

Il est très courant de voir des Ghanéens, qui gagnent moins de 100€ par mois, économiser pendant six mois pour acquérir le téléphone de leurs rêves, à 200€, voire 300€… Plus surprenant encore, certains fabricants de téléphone, qui avaient mis en place des stratégies de volume, proposant des téléphones, certes simples, mais très peu onéreux, ont dû se retirer, devant l’absence de réaction du marché face à leurs produits. A l’inverse, sont particulièrement prisés, les téléphones roses, aux sonneries polyphoniques, plats, dotés d’appareils photo surperformants…

L’investissement dans un téléphone … Tout un concept, qui montre l’importance du paraître, lorsque l’on sait à quel point il est facile, de casser, perdre, se faire voler un portable…
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mercredi 2 mai 2007

mardi 1 mai 2007

D comme … Développement, le rôle de l’Etat

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Pour retracer très rapidement l’histoire économique du Ghana depuis son indépendance en 1957, se sont succédées au pouvoir deux idéologies : le processus de développement selon le Docteur N’Krumah, premier président du Ghana, modèle lié tout à la fois aux théories communistes et panafricanistes, donc fondé sur un Etat fort, la mise en place de très grands projets – comme la construction du barrage par exemple, et le rêve d’arriver à une quasi autarcie. Dans les années quatre-vingts, Rawlings s’est efforcé de transformer le pays, en le dotant d’un cadre libéral et rigoureux, destiné entre autres à favoriser les échanges de biens et les implantations de capitaux étrangers. Cadre qui a très certainement permis au Ghana de se développer, dans une certaine mesure. Mais cadre probablement trop lâche à l’heure actuelle ; en particulier incapable de réduire les inégalités sociales, de protéger les plus pauvres ; et surtout, tellement défaillant, jusque dans ses fonctions les plus fondamentales … Pour ne donner qu’un exemple, l’Etat ne se montre plus capable de fournir ses villes et villages en électricité, et la situation empire, mois après mois… j’y reviendrai.
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Independence Square, Accra, symbole de l’ère N’Krumah. Benoît.

Surprise de voir, à quel point, au Ghana, c’est la demande d’institutions, qui stimule le développement de l’appareil étatique : il est vrai que des institutions sans poussée, interne, de développement, seront probablement inutiles ; à l’inverse, lorsque, les échanges s’intensifient, les projets d’entreprises se multiplient, alors même que l’Etat se montre de plus en plus inefficace, corrompu, défaillant, la fièvre de développement, non seulement, persiste, mais, en outre, fait montre d’incidences positives sur la légitimité, la force, le périmètre d’action, des institutions, monétaires par exemple...

Enfin, l’Etat ghanéen est souvent érigé en modèle dans la région… ce qui ne laisse pas d’inquiéter, quant à la capacité des Etats des autres pays d’Afrique de l’Ouest, à imposer leurs cadres institutionnels…
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lundi 30 avril 2007

samedi 28 avril 2007

D comme ... Développement : les acteurs

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Première impression : Accra est une ville qui bouge, qui se développe à toute vitesse. Une réelle dynamique ascendante. Pas aussi forte que la Chine naturellement, mais cela me semble néanmoins tout à fait remarquable, comparé aux autres pays en développement que j’ai pu visiter, l’Arménie, dans une spirale descendante, ou encore, les petits villages du Burkina, immuables dans leur grande pauvreté – je n’ai pas encore eu l’occasion de rester suffisamment longtemps dans des petits villages ghanéens pour me forger une opinion quant à leur niveau et potentiel de développement.

Une poussée de développement puissante, donc, avec, également, une formidable montée des inégalités, comme c’est parfois le cas lorsque le processus de développement est si peu encadré…

Qui sont les acteurs de ce développement ? Comme je l’ai déjà dit précédemment, le Ghana, c’est une minorité de très riches Ghanéens et expatriés, généralement embauchés dans des multinationales, et une très large majorité de très pauvres. Entre ces deux extrêmes, une toute petite classe intermédiaire, principalement composée d’étrangers, une petite classe d’entrepreneurs togolais, ivoiriens, libanais, indiens, chinois. Une classe d’entrepreneurs, qui a toute sa place, dans un pays où le sens du management, la capacité à gérer un projet ou une équipe, à anticiper les évolutions d’un problème donné, à être autonome face à une idée nouvelles, font défaut. Des entrepreneurs qui mettent en place toutes sortes de petits commerces, gèrent une équipe de deux, trois, quatre personnes – compte tenu des coûts du travail, dérisoires (certains Ghanéens sont payés moins de 40 centimes la journée), les entreprises sont très vite rentables.

A cette occasion, je remarquerai deux points : tout d’abord, sont clairement privilégiés les liens commerciaux avec la Chine ou l’Inde, beaucoup plus qu’avec les Etats-Unis ou l’Europe, deux entités qui reculent également en terme de prestige – quoique les Etats-Unis, les rappeurs américains entourés de minettes et couverts de chaînes, continuent de fasciner…
Par ailleurs, il me semble que ce sont les petits entrepreneurs qui développent, renforcent, multiplient, le tissu industriel du pays, beaucoup plus que les multinationales, qui rapatrient une très large partie des bénéfices, et surtout, n’embauchent qu’un nombre finalement limité de Ghanéens, et proposent des produits généralement trop onéreux pour lancer une consommation de masse. A l’inverse, notons que l’implantation des capitaux étrangers, favorisée par la politique de Rawlings dans les années 90, a permis de favoriser des transferts non négligeables, en termes de technologies, de méthodes de travail – et ce n’est pas inutile ici – etc.

Je reviendrai sur le rôle de l’Etat dans le développement par la suite.
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C comme ... Cape Coast, la ville, le port, le fort

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Cape Coast, l’une des principales villes du Ghana, probablement la cinquième, après Accra et Kumasi, Sekondi-Takoradi, Tamale peut-être. Et déjà, une ville minuscule, si différente, dans son ambiance, dans son architecture, dans son tissu urbain, de la capitale…

Une petite ville de la côte, avec son port, son fort.
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Cape Coast, le fort, la ville, le port. Nadege.
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mercredi 25 avril 2007

M comme ... Makola, le marché miraculeux

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Un quartier d’Accra, dédale de rues, ruelles, venelles, passages … Labyrinthe tout entier dédié au marché, envahi de boutiques, de stands, de vendeurs ambulants en tout genre. Se côtoient alors, du tissu, des chaussures, des vêtements fabriqués en Inde ou en Chine, des ragondins écartelés et séchés, des soutiens-gorge, des pieds de porc rose fluo, des téléphones portables, des éponges, des stylos, des bijoux en or, du produit à vaisselle, des taxis, des trotros, le tout dans une marée humaine, déferlante, incessante, ponctuée de cris, d’appels, d’invectives en tout genre, d’odeurs épouvantables, …
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Makola Market, Nicolas.
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mardi 24 avril 2007

M comme ... Mole National Park

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Tamale, seule ville du Nord du Ghana, quatrième ville du Ghana peut-être, en terme de nombre d’habitants, à des dizaines d’heures de route d’Accra : on préfèrera s’y rendre en avion, minuscule engin d’une quinzaine de places et d’un âge avancé. Nous quittons Tamale, en début d’après-midi, en direction de Mole, le principal parc national du Ghana. Après une heure de route, nous nous engageons sur une piste, très abîmée, et qui n’en finit pas. Le climat est, d’abord, très sec, les villages traversés rappellent presque ceux du Nord du Burkina Faso. Au bord des routes, des femmes font brûler du bois : la fabrication du charbon semble faire vivre la région. Au fil des heures, la sécheresse s’amenuise, l’eau fait son apparition, des marigots au bord des routes, les paysages se teignent en vert. Puis, nous traversons Mole, le village, et moins d’une demi heure après, nous pénétrons dans le parc. Le petit hôtel, en haut de la colline. Enfin. Moulus par la piste.

Et là, une vue magnifique. A couper le souffle, pour reprendre, mais littéralement cette fois, une expression peut-être galvaudée. La réserve s’étend, à nos pieds, verdoyante, un soleil couchant, au loin, dans les trous d’eau, les troupeaux d’éléphants. Un paysage mouvant, vivant, majestueux, grandiose. Sublime. Les mots ne décrivent rien. Les photographies même ne montrent rien. Des larmes.

Enfin, alors même que l’on est, comme je le pense, trop jeune pour embrasser, dans son ensemble, la radicalité désespérée de cette œuvre, l’on comprend, presque, en un regard, en un souffle, Les Racines du Ciel.
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dimanche 22 avril 2007

O comme … O’Browni

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Dieu a fait les O’Bibini, les Noirs, et les O’Browni, les Blancs, m’a dit un jour un chauffeur de taxi twi. (Et les autres ?)

O’Browni, le surnom dont se voit affublé tout Blanc au Ghana. Par les chauffeurs de taxi, qui vous hèlent et vous klaxonnent à chaque mètre (les Blancs sont riches et faibles, ils ne peuvent marcher au soleil) ; par les enfants, qui vous suivent en courant, parfois dans l’espoir d’être photographié (à ce propos, mon appareil photo, vieil appareil argentique ramené d’Arménie, suscite toujours une grande déception : on ne peut voir ensuite la photo prise…), parfois pour vous demander de l’argent ; par les passants même, qui remarquent seulement, « O’Browni », lorsqu’ils vous croisent, comme s’ils le disaient, juste pour eux…
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Cet état de fait est très pesant au début : on est systématiquement montré du doigt, même si le doigt n’est ni colérique, ni indigné. On est un Blanc, on nous le rappelle à chaque pas. Puis, comme pour tout, on s’habitue…

L’image du Blanc au Ghana… Bien sûr, comme je l’ai dit précédemment, le Blanc est riche et faible. Riche surtout, donc souvent sollicité, pour acheter, donner, etc. Riche, donc les prix qu’on lui propose sont systématiquement multipliés. Mais il n’y a pas, ou, du moins, je n’ai pas ressenti, de rancœur liée à l’esclavage, à une potentielle exploitation, un potentiel pillage, de l’Afrique par les Blancs. Plus, une franche indifférence : le seul avantage notoire des Blancs, c’est qu’a priori, ils ont de l’argent. Mais un Blanc, seul, en particulier jeune, pourra presque toujours négocier, pour rétablir de vrais prix. A l’inverse, un groupe de trois ou quatre Blancs, plus âgés, ne le pourra presque jamais.
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Photos d'enfants à Cape Coast. Benoît.
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vendredi 20 avril 2007

G comme ... Ghana@fifty

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Le 6 mars dernier, le Ghana fêtait ses cinquante ans, cinquante ans depuis l’indépendance, le 6 mars 1957. A cette occasion, deux remarques, l’une concernant l’indépendance, l’autre la célébration de l’indépendance.

Compte tenu du constat émanant de mon précédent message, on ne peut qu’être surpris : pourquoi est-ce ce pays qui, le premier de l’Afrique de l’Ouest, a proclamé son indépendance ? Etait-ce un mouvement du peuple, ce qui paraît bien improbable au vu de ce que semble être aujourd’hui le peuple ghanéen – un peuple dont les individus sont largement indifférents à ce qui les entoure, un peuple qui s’en fout ? Etait-ce le résultat des seuls chefs de file des partis qui manoeuvraient pour l’indépendance ? Ces chefs bénéficiaient-ils de l’accord tacite des différentes ethnies, d’une majorité du peuple ?

A l’occasion des cinquante ans du Ghana, la capitale s’est recouverte de drapeaux ghanéens. Rouge, vert, jaune, l’étoile noir. Tous se proclamaient fiers d’être ghanéens, la télévision passait en boucle des spots pour féliciter le Ghana, et enjoindre à chacun d’être fier de son pays. Spots que l’on pouvait ressentir comme quasi propagandistes. Devant l’exubérance de certains Ghanéens, la même question ressort : toute sorte de patriotisme exacerbé ne peut-elle pas devenir un danger, une menace, dans un pays où la population est peu accoutumée à se positionner, de manière autonome, face à une idée nouvelle, peu habituée à faire preuve d’esprit critique ?



Labadi Beach, Accra, le 6 mars 2007, les Ghanéens se retrouvent sur la plage pour fêter l'indépendance. Nicolas.


Parallèlement, on retrouve encore, cet aveuglement, dans le mythe de l’Occident, et principalement des Etats-Unis, mythe plus exaspérant que menaçant, mais particulièrement accru par une forme de crédulité.

Naturellement, on ne peut généraliser ces remarques à l’ensemble des Ghanéens. Néanmoins, même un certain nombre de Ghanéens formés à la faculté semblent parfois sombrer dans ce type d’écueils, par exemple, être sur que, sitôt arrivé aux Etats-Unis, ou en Europe, on devient riche…



Labadi Beach, Accra, le 6 mars 2007. Au loin, des drapeaux ghanéens, aux couleurs du panafricanisme. Nicolas.
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jeudi 19 avril 2007

G comme ... Ghanéen

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Ou comment tenter de dépeindre les grandes caractéristiques du peuple ghanéen, sans tomber dans les généralités, les raccourcis, les clichés, les lieux communs …

En réalité, cet exercice me semble fort périlleux, et je ne suis pas certaine d’éviter ces écueils. Néanmoins, je me lance, pour poursuivre l’exercice, non moins périlleux, qui consiste à retracer mes impressions ici …

Pour commencer, je ne reprendrai pas les descriptions touristiques, les Ghanéens sont très gentils, accueillants, ils aiment la musique traditionnelle – en plus, c’est faux : si je suis assez d’accord pour dire que la plupart des Ghanéens sont, gentils, j’attends toujours de découvrir, la musique traditionnelle ghanéenne…

Je suis en effet plus marquée par une capacité à être amorphe, une population qui ne bouge pas, qui ne sort pas le soir… Globalement, une population très indifférente au monde qui l’entoure, presque … passive.
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Cela se ressent à différents niveaux, du marchand de boissons, sur le bord de la route, qu’il faut littéralement secouer si l’on ne veut pas mourir de soif – et ceci est vrai dans toutes les boutiques : l’entrée d’un client est plus souvent saluée par des grognements, quel est l'impudent qui me réveille, que par un sourire – à celui, qui s’avoue absolument indifférent à toute question internationale ; et, ceux aussi qui opinent à n’importe quelle proposition, pour n’avoir jamais besoin, de prendre position, d’aller vérifier une information…

Je dirais, les Ghanéens sont souvent peu curieux, même des différentes régions de leur pays. On peut avoir le sentiment qu'ils sont enclin à... l'indifférence.

Il semblerait en outre que ces caractéristiques, ne soient pas partagées avec les populations des pays proches : ces dernières seraient, d'après plusieurs observateurs, par exemple plus intéressées par les questions de politiques, nationales ou internationales, entreprenantes, …

Pourquoi ? Certains font remarquer que la population du Ghana, enclave anglophone dans une région majoritairement francophone, n’a pas facilement accès aux informations internationales, majoritairement diffusées en français ; qu’il y a moins de liens, d’échanges, culturels par exemple, avec les pays limitrophes et francophones.

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L’explication est également, naturellement, à rechercher au niveau de l’éducation : le système éducatif est réputé au Ghana, les facultés permettant à un, petit, certes, mais néanmoins non négligeable, nombre, de Ghanéens, de poursuivre des études très spécialisantes ; par ailleurs, l’école est gratuite jusqu’à un âge assez élevé – même si l’argent reste un problème, les familles devant payer la cantine… Néanmoins, il semble que l’éducation, au Ghana, ne soit pas globale, ne cherche pas la formation de l’esprit, le développement de l’ « esprit critique »… Conséquence d’une éducation à l’anglo-saxonne, trop spécialisante ? Ou bien, l’idée même d’ « esprit critique » est-elle occidentale, difficilement transmissible en tant que telle ? Il est en effet tout à fait possible d'envisager une autre démarche que l'examen critique à l'Occidentale, pour pouvoir se positionner, de manière autonome et lucide, face à une nouvelle idée.

Toujours est-il que cette situation est très, problématique, les Ghanéens étant généralement très démunis devant toute idée, situation, nouvelle, car très peu autonomes… Et ceci peut peut-être expliquer l’indifférence, la passivité… et vice versa…

Pour finir, éducation et culture sont évidemment indissociablement liés : il est difficile de savoir si, une mutation en profondeur du système éducatif ghanéen (est-elle possible en ce sens?) aurait des répercussions sérieuses sur, ce que l’on appelle communément, les mentalités…

Ce message était très long, je l'ai donc agrémenté de photos ... qui n'ont rien à voir : des enfants sur la plage, à Cape Coast.

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mercredi 18 avril 2007

A comme ... Accra, une ville scindée en deux (suite)

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En réalité, cette impression de fossé, d'écart, presque infranchissable, entre les deux Ghana, a surtout très forte au début : lorsqu'on arrive, il est naturellement plus facile de rester dans les "circuits balisés", donc de ne pas aller à la rencontre de l'autre Afrique. La découverte de l'Afrique, riche, développée, est intéressante... mais ne me suffisait pas...
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Au fil des semaines, on apprend à traverser, tout d'abord, en passant des ponts soigneusement choisis en ce sens : se faire tresser, acheter un mouton sur un marché. Après quelques mois au Ghana, l'écart frappe de moins en moins : on passe désormais d'un monde à l'autre d'un seul pas, et même, de manière totalement inconsciente. Peut-être, cette impression de, mur, se gomme-t-elle, avec l'évanouissement d'une certaine crainte, légère mais probablement réelle, confrontée à un monde totalement nouveau... Peut-être, également, perd-on la conscience du fait qu'on est, le seul blanc dans ce marché, la conscience d'être parfois là où les autres Blancs ne sont pas souvent... D'où la diminution de la perception d'un fossé...
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A comme … Accra, une ville scindée en deux

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Géographiquement, socialement, culturellement, économiquement surtout … Il y a deux Accra, deux Ghana même.

Les très riches Ghanéens et les expats d’une part, infime minorité, habitant des maisons gigantesques aux loyers impressionnants – parfois supérieurs à 3 000 $. Tous les produits qui leur sont destinés, habitations donc, mais aussi, ordinateurs, nourriture, vêtements, atteignent des prix exorbitants, souvent plus élevés qu’en France. Ainsi, des pantalons au design et à la qualité proches de ceux vendus chez Jennyfer sont vendus 60€, un poulet-riz dans un snack pour riche atteindra 6€, un shampoing de base 5€ …

A l’opposé, l’immense majorité des Ghanéens gagne autour de 100€ par mois. Les plus pauvres vivent dans la rue, les autres louent de minuscules chambres pour moins de 10€ par mois, mangent pour moins de 2€, etc.

Bien sûr, on ne reste pas insensible devant une telle pauvreté. Ensuite, l’on sera moins surpris par l’écart entre riches et pauvres, que par l’absence quasi totale de classes moyennes - j'y reviendrai ; par le nombre de boutiques, restaurants, lieux, dédiés aux riches et strictement inabordables pour la très large majorité des Ghanéens ; par la possibilité, offerte aux expatriés peu aventureux, de ne jamais sortir d'un circuit fermé, de ne jamais découvrir le deuxième visage ghanéen : le nombre d'expatriés, et même, de Ghanéens riches, qui se refusent absolument, à, aller, au-delà du fleuve..., à arpenter, Nima ou Makola, reste décevant.
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dimanche 15 avril 2007

A comme ... Accra de morue

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Oui, oui, désolée, à tous ceux dont j'ai souri lorsqu'ils me demandaient s'il y avait un rapport entre Accra et les accras de morue, en fait, naturellement, la réponse est oui ...

Il semble que les esclaves venus du Ghana aient gardé l'habitude de préparer, aux Antilles françaises, un beignet, doré, appelé Akra, ou Okra, du nom d'Accra, capitale du Ghana ...

Voilà, mon erreur est rattrapée..
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jeudi 12 avril 2007

P comme … Propriété Foncière

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Ou la quasi impossibilité d’acheter un terrain, non seulement à Accra, mais aussi dans le reste du Ghana.

Deux arguments, principalement, pour étayer ce constat : l’envolée des prix, et la flexibilité de la notion de propriété.

Depuis plusieurs années, le prix de l’immobilier augmente de façon exponentielle au Ghana, conjugaison d’une forte pression à la hausse de la demande - compte tenu de l’implantation des entreprises étrangères, du mouvement de développement, de la crise ivoirienne et de l’immigration qui en a résulté à Accra - et d’une stabilité de l’offre, quasi nulle en fait : traditionnellement, vendre une terre est très mal vu, presque une sorte de déchéance…


A cela, s’ajoute la réticence des organismes bancaires à octroyer des prêts d’un montant suffisant pour acquérir un terrain. Réticence que l’on comprendra, au vu du niveau des prix, rapporté au salaire moyen ghanéen… Si bien que, seuls les promoteurs immobiliers et les très grandes entreprises peuvent se permettre d’acheter actuellement à Accra.

Parallèlement à cette envolée des prix, le flou qui entoure la notion de propriété privée contribue à compliquer plus encore l’acte d’achat.

Quelques exemples : à Accra, une grande entreprise a récemment acheté un terrain dans le but d’y faire construire ses bureaux. Montant de la transaction : 500 000 €. Une fois l’achat effectué, cette entreprise s’est retrouvée dans l’impossibilité de construire, une autre entité se réclamant également propriétaire du terrain. L’affaire se règlera probablement devant les tribunaux, dans, un an, deux ans, dix ans ?


Deuxième exemple : une plage, sur la côte Ouest, étoilée de dizaines de palmiers, paradisiaque … et vendue à un prix dérisoire. Pourquoi? L'acquéreur a très vite découvert que chaque palmier appartenait à une famille du village proche. Ainsi, chacune de ces familles avait un droit de passage sur son terrain…
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mardi 10 avril 2007

E comme ... Environnement

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Le Ghana est sale. Jonché de sachets plastiques, sachets de pure water, traversé par des égoûts, béants, débordants dès les premières pluies.

L'environnement, une préoccupation de pays riche ?

Une plage, paradisiaque, mais souillée ...

Certains y verraient plutôt le résultat d'une sorte de "non-projection" dans le futur, une disposition de l'esprit qui serait largement répandue au Ghana, voire même, plus largement en Afrique.

Cette absence de projection, de préoccupation quant à l'avenir, se lit, se sent, non seulement dans la vie quotidienne, en particulier de la partie pauvre, immense majorité, des Ghanéens; mais aussi, de manière plus inquiétante, au niveau de la gestion de l'Etat (cf. le barrage d'Akosombo, j'y reviendrai par la suite), du travail des journalistes - pour la plupart, ils rendent compte d'évènements actuels, moins des problèmes futurs et dont on voit déjà les racines -, etc.

Là encore, cette absence de projection, proche même, pour l'Etat, de l'absence de la notion "d'intérêt général", interroge : de telles notions semblent plus répandues en Occident ; est-ce lié à notre culture ? notre richesse ? notre éducation ? est-ce "transmissible"?

Revenons au niveau individuel : j'ai déjà ressentie cette absence de projection dans l'avenir, dans d'autres PED ... et cela me semble corrélé au niveau de pauvreté ; en effet, comment prévoir après-demain, quand on ne sait pas ce que l'on mangera demain ? Peut-on imaginer que cette disposition de l'esprit se pérennise, pendant quelques générations, quand bien même le niveau de richesse s'élève peu à peu ?

Quant à l'Etat, il me semble que s'enquérir, s'inquiéter de l'avenir, pour mieux le préparer, est un de ses rôles clés ; et surtout, qu'un certain nombre d'Etat de pays en développement de culture proche font preuve d'une plus grande préoccupation quant au futur (à vérifier...) : l'on pourrait faire montre d'optimisme, quant à la capacité de l'Etat ghanéen à se tourner vers l'avenir, à le préparer, à viser le long terme, l'intérêt général ...

Enfin, dernier point, quant à la défense de l'environnement, premier sujet abordé ici, rappelons tout de même l'existence de plusieurs réserves naturelles au Ghana, réserves naturelles créées, entretenues, développées, par l'Etat ghanéen - même s'il me semble que les raisons de cet intérêt ne sont pas seulement écologiques, mais aussi, surtout, symboliques, peut-être touristiques...
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dimanche 8 avril 2007

O comme ... Onomatopées

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L'anglais, langue officielle, parlée par tous les Ghanéens ... des villes. Puis, une multitude de langues, dont le twi bien sûr, parlé, entre autres, à Accra, et décliné à l'infini au fil des villages Ashanti.

Les onomatopées surtout, qui transcendent toute forme de langage. La plus utilisée, la plus souvent entendue : OU!
Un OU! appuyé, pour manifester, la surprise, la fierté, la colère, le plaisir, la déception, l'indignation, la quiétude, la peur, ...
Ou encore, le mm-mmm... dubitatif, coquin, sceptique, compréhensif, pour exprimer, un rire, une bonne volonté, une agréable surprise.

Sur une variation infinie de tons.

Tellement utiles pour contourner, en un son, les barrières linguistiques...
Axelle

Becky, grande adepte du mmm-mmm ...
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samedi 7 avril 2007

E comme ... Elmina, le fort

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E comme ... Esclavage

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Peu, voire pas, de ressentiment des Ghanéens envers les Blancs, à cause de l'esclavage. A l'inverse, un ressentiment encore fort, lié à la colonisation, à l'exploitation, perçue comme encore actuelle, des richesses, naturelles, économiques, de la Terre Afrique, par les Occidentaux.

Elmina Castle

Les côtes du Ghana sont jalonnées de forts, plus ou moins, imposants, anciens, conservés. Des forts, à l'origine pour établir la puissance des Occidentaux sur les régions du futur Ghana, pour développer le commerce de l'or. Des forts, qui sont ensuite devenus des pièces maîtresses dans le commerce des esclaves.

Probablement le plus beau et le plus connu d'entre eux, Elmina, quelques kilomètres après Cape Coast.
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Elmina, un village sans âge, posé sur une plage, un port débordant d'activité, un fort, éclatant de blancheur, qui domine les quelques maisons et fait face à la mer. Un fort remarquablement bien entretenu, car, peut-être, perçu comme un des symboles de la colonisation, et surtout, de l'esclavage.
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Une visite guidée, là-bas, particulière : dans le groupe, quatre Français, une douzaine de Ghanéens. Le guide ne parle que des viols, commis par les Occidentaux entre ces murs. Puis, un femme, ghanéenne, d'une cinquantaine d'années, vient voir une de nos amies ghanéennes - qui, s'appuyant sur les propos du guide, nous démontrait, sans y croire, notre atrocité - et lui rappelle que les Africains eux-même ont contribué à l'esclavage, en vendant les membres de tribus adverses, qu'il se sert à rien d'être vindicatif, qu'il faut simplement se souvenir, pour que l'Histoire ne se répète pas, etc.
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Des propos, réfléchis, surprenants, dans un pays où les réactions sont souvent, soit extrêmes, soit totalement indifférentes... Mais inattendus, notre amie ne parlant guère sérieusement...
erratum

Elmina, le port
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vendredi 6 avril 2007

A comme ... Abena, fille du mardi

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Pour commencer, une explication, quant au nom de ce blog.


Un certain nombre d'enfants ghanéens sont prénommés, en fonction du moment de leur naissance. En particulier, selon le jour de leur naissance, le jour de la semaine. Ainsi, on aura, Kwodo et Adwo, pour un garçon et un fille nés un lundi, Kobena et Abena pour les enfants du mardi, Kweku et Ekua le mercredi, Yaw et Yaa le jeudi, Kofi et Efua le vendredi, Kwame et Ama le samedi, Kwesi et Esi le dimanche.

Quelques exemples célèbres : Kwame N'Krumah, premier président du Ghana, de 1960 à 1966 ; Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU (1997-2006).

Je suis née un mardi ... à vos calendriers !
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Na Afriki, précisions

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Mon précédent message, n’est pas, simplement, un préambule, creux, plat, à mon blog : je vais faire part ici d’impressions qui pourront paraître tranchées. Je voudrais alors repréciser qu’elles ne révèlent mon point de vue, qu’à un instant t … et ces impressions évoluent très vite, au gré des rencontres, des découvertes. Je ne prétend donc pas à une quelconque forme d'objectivité.

De plus, je manque cruellement d’informations, fiables, pour appuyer mes dires… Ce qui rend toute hypothèse très friable. A ce sujet, il n’est pas inenvisageable qu’il soit plus facile de trouver, de la France, des données précises sur le Ghana : toute contribution en ce sens (et en d’autres…) sera bien sûr la bienvenue.

Enfin, tout ce que j’avance, concernant mon expérience au Ghana, ne doit pas être mis en opposition, avec la situation, française par exemple, et des divers pays de l’Occident plus généralement. Mon but n’est pas de stigmatiser les différences entre le Ghana et la France, simplement de retracer, comme je l’ai déjà dit, mes surprises, mes doutes, mes questions, …
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jeudi 5 avril 2007

Na Afriki

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Un blog, un support, pour raconter, mon Afrique, Na Afriki ...

Rien d'objectif, rien d'exhaustif, une somme d'impressions, de remarques, de doutes, de réactions, de photos ...

A l'occasion d'un séjour de quelques mois, à Accra, au Ghana.




Dobet Gnahoré, chanteuse ivoirienne en concert à l'Alliance Française, le 30 mars dernier. Dobet Gnahoré, qui présente son album, Na Afriki, mosaïque de cultures africaines, de langues, d'instruments, de chants, de danses africaines.
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